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L'été approche à grands pas, et qui dit été dit piscine, soleil brûlant et l'immanquable voisin en combo tongs-chaussettes à côté de son barbecue qui vous fait de grands signes, le chapeau de paille sur la tête et une saucisse merguez à la main. Pour vous éviter le repas de voisinage et les coups de soleil (ou pire, le bronzage) nous vous proposons de vous réfugier dans les grandes salles baroques, froides et bien isolées du château de Dracula avec l'OST du mois de Juin consacré à Castlevania : Symphony of the Night. L'occasion de découvrir le travail de Michiru Yamane et sa vision de l'ambiance de la fameuse série gothico-vampiro-chic. Retrouvez sur cet article des sélections de pistes, l'occasion parfaite de les écouter en surfant sur les internets (à défaut de surfer sur les vagues) ou en lisant, par exemple, la critique de la bande-son et les avis de nos rédacteurs/trices. N'hésitez pas non plus à venir donner vos avis sur notre travail et surtout sur celui de Madame Yamane sur notre forum où nous nous ferons une joie de dialoguer. Bonne lecture et bonne écoute !
Michiru Yamane est née le 23 septembre 1963 dans la préfecture de Kagawa au Japon. Dès son plus jeune âge, elle étudie le piano et l’orgue électronique et compose une première pièce à 11 ans. Après ses études secondaires, elle entre dans la prestigieuse Université des Beaux-Arts et de la Musique de la préfecture d’Aichi. C’est à cette période qu’elle commence à s’intéresser au synthétiseur et autres instruments électroniques. Elle est ensuite embauchée à la fin des années 80 par la firme Konami est travaillera essentiellement pour leurs licences : Castlevania et Suikoden. Ses premières compositions sont pour le jeu King's Valley II. Après avoir composé pour plusieurs OST, souvent en collaboration, c’est en 1997 qu’elle compose ce qu’on peut considérer comme sa pièce maîtresse : la bande-son de Symphony of the Night, dont il est question dans cet article. Elle travaille ensuite sur d’autres épisodes de la série (Harmony of Dissonance, Aria of Sorrow, Lament of Innocence), ainsi que pour d’autres titres : Suikoden III, Suikoden IV, Elebits, Rumble Roses XX et bien d’autres. En 2008, elle décide de quitter Konami afin de devenir indépendante. On la retrouve alors pour d’autres bandes-son : Skullgirls, NightCry, ou encore le futur Bloodstained : Ritual of the Night. Elle se produit également quelques fois en concert pour interpréter ses propres oeuvres, dont Wood Carving Partitaissu de Symphony of the Night. D’inspiration gothique ou néo-gothique, les compositions de Michiru Yamane pour cette OST ne doivent pas faire oublier qu’elle possède une large palette de styles allant du chant grégorien au jazz le plus libre.
Dans la grande et prestigieuse série des Castlevania, nombreux sont les jeux à avoir marqué les joueurs de leur excellence, mais si vous deviez demander à ces derniers quel est leur épisode préféré, il y a fort à parier que Symphony of the Night serait parmi les plus cités. Si le jeu a su marquer les fans c'est entre autre grâce à son gameplay maîtrisé mais aussi à son ambiance mélancolique, baroque et chic, sublimée par l'OST de la talentueuse Michiru Yamane. S'il y a bien quelque chose qui frappe à l'écoute de l'OST de Castlevania : Symphony of the Night, c'est bien la diversité des pistes présentées, notamment dans leur caractère. Loin de se contenter de n'instaurer qu'une ambiance, une simple lecture à sens unique du mythe et de sa vision de Castlevania, la pièce de madame Yamane se disperse, s'éparpille dans un effort créatif totalement maîtrisé. Si on pouvait craindre que cet éparpillement ne résulte en une bande-son disparate et incohérente, la pièce balaie nos doutes d'un revers de ses pistes expertes et nous montre, son à l'appui, que son hétérogénéité est clairement une force. Une force d'habillage, mais aussi et surtout une force de suggestion. Ainsi l'OST débute par la piste Transformation n°1 qui ne se contente pas d'instaurer une ambiance mystique presque angoissante, mais qui la crée carrément, notamment grâce à des chœurs lancinants et des violons omniprésents. Une ouverture qui renvoie directement à de précédents épisodes de la saga, à l'instar de Dracula's Castle une pièce qui symbolise (voire incarne) à elle seule la « Nuance » et la patte Castlevania, avec un rythme soutenu et l'utilisation de la guitare électrique. Si la bande-son possède bien des pistes qui renvoient clairement aux précédents opus de la saga, elle en possède aussi des plus singulières, qui se permettent de proposer quelque chose de différent au sein de l'univers musical de la série et donc de l'OST sans pour autant dépareiller parmi ces dernières. On citera par exemple Awakened Soul, une piste dans laquelle la fameuse guitare est présente, mais qui se démarque des pistes habituelles par un ton plus « Jazzy » ; ou la présence de pistes contenant des voix, comme Requiem of the God ou encore Prayer, qui participent à insuffler une atmosphère plus solennelle et pesante. Ce genre de variété au sein de la bande-son participe à une illustration en parfaite adéquation des différentes zones et ambiances du jeu, sans que celles-ci ne jurent les unes par rapport aux autres. Tout n'est pas parfait et l'OST possède malgré tout quelques pistes un peu plus faibles que les autres, comme Nocturne ou Evil Banquet mais il convient de ne pas bouder son plaisir tant le reste témoigne d'une maestria évidente, et ce malgré (ou peut-être grâce à ?) sa disparité. En effet, si cette dernière pourrait effrayer au sein d'un même titre, elle prend dans ce Castlevania tout son sens et ce en tant que bande-son, mais aussi en tant que pièce à part entière. La grandiloquence de certaines pistes témoigne d'un travail d'orfèvre qui sublime son médium. Une œuvre à saluer !
Cette OST propose vraiment une variété de musiques étonnantes, entraînantes voire épiques, qui nous plongent totalement dans l'univers du jeu, comme par exemple Transformation. Certaines musiques sont dans le style baroque, Wood Carving Partita, ou propose des chants anciens ce qui me séduit beaucoup je l'avoue (Prayer est vraiment splendide). On passe par des phases douces notamment avec Nocturne à des thèmes très rock et vraiment marquants comme le Prologue ou Dracula Castle. L'oppression et la peur font leur entrée notamment avec Gates of Spirits. La meilleure musique reste pour moi le thème de fin, une splendeur, I am the Wind, une belle chanson sur un tempo vraiment doux et qui nous emporte tranquillement comme le vent. C’est une OST vraiment splendide proposant des musiques qui marquent les esprits, même pour les joueurs ne connaissant pas le jeu comme moi, une belle surprise !
Castlevania Symphony of the Night dispose à mon humble avis de l’une des, si ce n’est de la meilleure composition de la série. Michiru Yamane livre ici une œuvre assez particulière, qui possède des thèmes tout particulièrement marquants. Ces thèmes s’associent d’ailleurs parfaitement aux décors et différentes pièces parfois lugubres visitées par Alucard au fil de son ascension (et descente) du château de son père. L’OST commence par une pièce très rythmée qui colle tout à fait au personnage de Richter et à l’ambiance des Castlevania plus old-school. La guitare électrique est d’ailleurs un des instruments qui sera utilisé à maintes reprise au long de cette bande-son (Dracula’s Castle, Our Festival, Awakened Soul ou encore Young Nobleman of Sadness), mais avec quelle efficacité ! Cela met tout à fait dans l’ambiance. Ensuite viennent des pièces un peu plus angoissantes, comme Symphony of The Night, Gate of Spirits ou encore Path of the Departed avec ses grincements perpétuels, qui nous font parcourir un château résolument glauque, mystérieux et surtout dangereux… Les trois pièces comportant des chœurs sont aussi tout à fait uniques. Prayer permet de se mettre à l’aise à l’écran titre alors que Evil Banquet nous glace le sang et Requiem of the Gods nous fait monter aux cieux dans une cathédrale aux mille-et-un pièges. Quoi dire aussi des pistes comme Wood Carving Partita et son clavecin qui transmettent à la perfection l’ambiance de la bibliothèque ancienne où l’aristocratie aimait y flâner et s’instruire, ou encore Lost Painting qui nous envoûte et entraîne dans une cave emplie et mélancolique après avoir parcouru celle de Crystal Drops. On pourrait dire également que certaines pistes ressemblent en quelque sorte à des ballets. En effet, Pearl Dance Song en est l’exemple même, de par son tempo et la présence quasi-totale des instruments à vent. Golden Dance pourrait aussi y faire songer dans une autre mesure. Finalement, les thèmes les plus décevants pourraient être Strange Bloodline et Nocturne (qui d’ailleurs n’est pas dans la version américaine du jeu). La chanson-crédit, Into The Wind, permet quant à elle de finir le jeu sur une note envoûtante et légère, mais non sans être chargée de mélancolie. C’est aussi une piste aux paroles et à l’air allant tout à fait avec le personnage d’Alucard. On l’entend et le retient, chaque piste de cette OST est unique et les faux-pas se comptent sur les doigts d’une main. Chaque instrument est utilisé avec précision, à sa juste mesure. S’il fallait définir un Castlevania seulement par sa musique, je crois bien que c’est avec cette bande-son que je l’illustrerai. Ce n’est pas pour rien qu’elle se situe d’ailleurs dans mon top 3 des OSTs de RPG.
D’emblée, et même si on ne connaît que très peu la série des Castlevania (comme c’est mon cas), on est frappé par la personnalité qui se dégage de chaque musique, la plupart des pistes étant très caractéristiques. De plus, on sent une vraie maîtrise musicale, pas uniquement dans un style « classique » ou baroque, mais également dans d’autres domaines bien différents. L’utilisation des instruments synthétiques est ici particulièrement bien réalisé, car ils deviennent un atout, et non pas un inconvénient comme c’est souvent le cas. Outre l’aspect un peu sombre (Requiem for the Gods), voire angoissant, de l’OST, certaines mélodies restent gravées dans la tête (Lost Paintings), ce qui est toujours bon signe. On pourra notamment citer de nombreuses réussites qui collent à l’esprit quelque peu baroque du titre : Illusionary Dance, Wood Carving Partita ou encore Demonic Banquet. Avec des musiques aussi différentes que Prayer, Rainbow Cemetery ou Marble Gallery, on comprend que Michiru Yamane est aussi intéressante que méconnue de la plupart du public, ce qui est dommage quand on entend tout ce qu’elle peut offrir.
Rédigé par Delldongo, Memoircosmos, Wolfangele et Xeno le 7 juin 2017
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