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C’est ce mois-ci, plus précisément le 20 mai, que Fire Emblem Fates (Fire Emblem If au Japon) débarquera dans nos contrées sur Nintendo 3DS. En attendant de pouvoir mettre la main sur ce titre très attendu, nous vous proposons de découvrir ou redécouvrir la bande-son de son prédécesseur, Fire Emblem : Awakening (Fire Emblem : Kakusei), sorti en 2012 sur les 3DS nippones (et l’année suivante en Occident). L’OST de ce Tactical-RPG a été composée par trois artistes distincts : Hiroki Morishita, Rei Kondoh et Yuka Tsujiyoko. Sur les 92 pistes, 59 ont été composées par Morishita, 31 par Kondoh et 2 par Tsujiyoko. Dix pistes (autres que les deux évoquées) ont été conçues à partir de travaux originaux de Yuka Tsujiyoko ; c’est le cas du thème principal du jeu, à titre d’exemple. Comme d’habitude, nous allons présenter dans un premier temps les compositeurs, vous proposer quelques extraits de leurs travaux, avant de vous soumettre une critique détaillée de l’OST du mois (accompagnée de quelques commentaires additionnels). Nous vous rappelons que vous pouvez vous rendre sur notre forum pour commenter cet article et nous faire part de vos éventuelles suggestions/envies.
Hiroki Morishita : cet artiste travaillant pour Intelligent Systems est relativement (pour ne pas dire totalement) méconnu. Sur sa page Wikipedia japonaise, on le retrouve crédité en tant que « compositeur principal » sur trois jeux : - Fire Emblem : New Mystery of the Emblem ~ Heroes of Light and Shadow (DS, 2010) [NB : s’agissant d’un remake, la plupart des pistes de la bande-son de ce jeu sont l’œuvre de l’artiste initiale, Yuka Tsujiyoko. On imagine que le travail de Morishita a principalement porté sur les « nouveautés » de cette version, à savoir le nouveau prologue et les chapitres secondaires inédits.] - Fire Emblem : Awakening (3DS, 2012) - Fire Emblem Fates (3DS, 2015) A noter qu’il a également participé au développement (en tant que chargé du son et/ou « sound designer ») de Paper Mario : Sticker Star (3DS, 2012), Game & Wario (Wii U, 2013) et Code Name : S.T.E.A.M. (3DS, 2015). Rei Kondoh (né le 14 novembre 1982 à Aichi-ken, Okazaki-shi, Japon) est un compositeur et un « sound creator ». Il a commencé à jouer du piano et à apprendre le solfège dès l’âge de trois ans. Sa « zone de travail dépasse les sphères traditionnelles des orchestres, du rock ou de la musique électronique » et il travaille activement sur des « produits visuels, des jeux, des animés ou pour le cinéma ». Les activités de Kondoh ne s’arrêtent pas là ; il présente également des musiques à des artistes, s’occupe d’arrangements pour des « produits musicaux », fait de l’orchestration et de la production sonore. Quelques mois après avoir sorti son premier album solo, « Eternal Mirage », en 2003, Rei Kondoh est embauché par le studio T’s Music. Sa première production dans le domaine du jeu vidéo est la bande-son de Yoshitsune Ki de Banpresto en 2005. C’est avec son second travail, l’OST d’Okami en 2006, qu’il va acquérir une certaine notoriété. Sa collaboration avec Capcom ne s’arrêtera pas là puisqu’il composera notamment les bandes-son de différents jeu de la licence Sengoku Basara, de Devil May Cry 4 (2008), Okamiden (2010) ou encore de Dragon's Dogma (2012). Rei Kondoh est également connu pour ses collaborations avec PlatinumGames (Bayonetta (2009), The Wonderful 101 (2013) et Bayonetta 2 (2014)) et Level-5 (licence Little Battlers eXperience). On le retrouve ici dans un rôle d’assistant de Hiroki Morishita pour la bande-son de Fire Emblem : Awakening, que nous étudions aujourd’hui, rôle qu’il reprendra avec Fire Emblem Fates (2015) dont la bande-son est sortie au mois d’avril 2016 au Japon. Yuka Tsujiyoko (née Yuka Bamba) est une compositrice japonaise. Elle est née à Uji dans la préfecture de Kyoto au Japon et a commencé son apprentissage du piano dès la maternelle. Elle composera pour la première fois au lycée dans le cadre d’un exercice pour sa classe de musique. Après avoir obtenu son diplôme d’ingénierie électronique au « Osaka Electric Communications Junior College », elle commence à travailler en tant que programmeuse pour une compagnie qui développe des logiciels. Elle rejoindra ensuite Intelligent Systems où elle composera la musique du tout premier Fire Emblem (Fire Emblem : Shadow Dragon and the Blade of Light) en 1990. A l’époque, c’est la seule compositrice de l’équipe et elle se charge elle-même de la programmation sonore. Un programmateur sonore viendra l’épauler ultérieurement lorsqu’ Intelligent Systems commencera à développer sur Super Famicom (Super Nintendo). Yuka Tsujiyoko restera la compositrice principale de la série Fire Emblem jusqu’en 2002 avec Fire Emblem : The Binding Blade. Elle continuera néanmoins à superviser les opus suivants et co-composera pour certains d’entre eux. Cette artiste est également connue pour son travail - en collaboration avec Taishi Senda - sur Mario Story (Paper Mario en Occident), un jeu sorti en 2000 sur Nintendo 64. Elle a d’ailleurs quitté Intelligent Systems pour opter pour un statut « indépendant » peu après la sortie de ce titre. Pour finir, notons que son œuvre (en tant que compositrice principale) la plus récente est la bande-son de Pokémon Picross (2015), un free-to-play sympathique que l’on peut télécharger sur l’eShop de la 3DS. Découvrez deux morceaux par Hiroki Morishita, onze morceaux par Rei Kondoh, et enfin neuf derniers par Yuka Tsujiyoko :
Trop peu connue, la série des Fire Emblem propose pourtant depuis ses débuts des bandes-son assez remarquables, et celle de cet épisode, Awakening, ne déroge pas à la règle. Composée de 92 pistes, pour un peu plus de 4 heures d’écoute, il s’agit d’une OST pour le moins imposante, mais également très construite. Même sans s’être essayé au titre, on remarque dès les premières pistes une certaine intensité et une orchestration volontairement riche. Le thème principal, celui de Marth, apparaît ainsi à de nombreuses reprises, mais bien entendu de manière suffisamment variée pour ne jamais lasser. Fire Emblem : Awakening étant un RPG tactique, on s’attend forcément à trouver des musiques épiques et entraînantes, et c’est le cas dès la seconde piste, Omen / Main Theme. Mais on y trouvera également des moments plus calmes avec Id~Serenity, même si l’utilisation de l’accordéon pourra paraître un brin trivial. Si on peut ressentir un certain classicisme dans certaines pistes, il en ressort en tout cas des sons extrêmement soignés, ainsi que, parfois, des harmonies surprenantes et pas si évidentes. On découvre aussi dans cette OST pas mal de pistes à l’allure militaire, ce qui est normal pour ce style de jeu. Elles sont traitées de manière plutôt classique, mais toujours efficace. On pourra citer Here we are! The Shepherd's garrison., ou bien encore Divine Decree, le parfait exemple de musique « tactique ». En réalité, la bande-son de ce Fire Emblem est très variée et laisse place à beaucoup d’émotions différentes. Ainsi, le joueur se sentira en sécurité en écoutant It appears the capital was spared the chaos. (on y débusquera d’ailleurs le thème principal, habilement placé), alors que, par ailleurs, l’OST possède également son lot de musiques inquiétantes (Menace, Something is very wrong.), avec des rythmes parfois complexes. On trouve également des musiques plus légères et souriantes, souvent magnifiques, comme But, Frederick, it's nearly dark!, dans laquelle on notera une nouvelle fois l’utilisation du thème de Marth : un thème, ou plutôt un motif, qui revient tout au long de la bande-son, mais sans jamais être martelé à outrance, un peu à l’inverse du traitement du thème de Lightning dans Final Fantasy XIII. C’est notamment remarquable dans l’excellente piste Oh, it's not so bad, Lissa. Just a healthy little walk!, où ce thème apparaît en notes piquées. On pourra également écouter l’excellente piste Don't speak her name! pour voir jusqu’où ce petit thème peut entraîner le joueur. Cependant, parfois, la simplicité d’écriture l’emporte pour nous offrir de purs moments nostalgiques ou mélancoliques, souvent au piano, seul ou accompagné de quelques instruments. C’est notamment le cas dans la piste intitulée « ……. » (oui, c’est son titre) ou dans And what if I can't? What if I'm not worthy of her ideals?. Le thème de Marth n’échappe d’ailleurs pas à sa version pour piano seul, qui fait l’objet de notre « cover » du mois. D’autres pistes, comme You may call me Marth. font la part belle aux instruments à vent, tout en restant dans la même atmosphère. Les pistes un peu plus nerveuses sont également très réussies, savoureusement épiques, allant même jusqu’à rappeler les meilleures heures d’un certain Sakimoto (je pense ici à I mean it. Go!, notamment). Il faut d’ailleurs souligner qu’un certain nombre de musiques sont proposées en deux versions, une « normale », et une seconde plus pêchue. On pourra donc s’amuser à comparer ces différentes moutures d’une même musique, comme pour Aggression et Aggression~Galvanised, pour s’apercevoir de l’inventivité des compositeurs en ce qui concerne l’instrumentation, entre autres. Le quatrième CD se distingue particulièrement, avec des musiques fantastiques comme Run all you like - you can't escape fate. ou Monstrosity. A l’inverse, les rares pistes qui optent pour un tempérament moins sérieux, plus humoristique, même si elles sont là encore de qualité (Agh! Won goph in mah mouph! Blech! Ptooey!), ne semblent pas tout à fait coller au reste, sans pour autant que cela soit dérangeant. De même, quelques pistes du troisième CD semblent marquer une certaine rupture dans le style, plus léger et peut-être plus anecdotique. De belles pistes sont néanmoins présentes, comme la très belle et surprenante Such bonds are the true strength of this army. On trouvera même quelques musiques un peu plus expérimentales, telles que Misericorde, Id~Darkness, Id~Return ou même les deux versions de Chaos. Mais dans l’ensemble, avec une maîtrise si totale de la musique et de l’orchestration, l’OST reste assez sérieuse, et douée d’une invention folle. La bande-son de Fire Emblem : Awakening est en tout cas d’une qualité quasi-constante et très homogène, avec toujours ce petit soupçon d’élégance en plus qui pourrait faire défaut dans une bande-son aussi riche. Les musiques viennent ainsi soutenir l’action du jeu de belle manière, ce qui, on en conviendra, est quand même la fonction première d’une OST. Quelques pistes de Fire Emblem : Awakening à découvrir (par Chris17cp) :
J’avais beaucoup apprécié la musique de Fire Emblem : Awakening dans son contexte et j’ai pris tout autant de plaisir à la redécouvrir via son OST. Je trouve appréciable le sentiment d’unité qui en ressort d’autant plus que 2,5 artistes sont aux manettes (Yuka Tsujiyoko n’ayant composé que deux pistes ici). Ce n’est pas toujours le cas, j’ai notamment en mémoire l’OST de Tales of Zestiria, par exemple, où les pistes de Go Shiina tranchaient radicalement avec celles de Motoi Sakuraba... Bref, retournons à nos moutons ! Cette OST est relativement « sérieuse » et ne laisse que peu de place aux thèmes légers ou à l’humour (ce qui est tout à fait normal dans une ambiance belliqueuse), même si on en retrouve quelques-uns (notamment les musiques des DLC, dérivées du thème principal de la série). Non, ici, on a droit à des pistes très souvent intenses (les morceaux Ablaze étant des versions « renforcées » de certaines pistes), mélancoliques, épiques, inquiétantes ou aux tonalités guerrières. Plutôt que de partir dans un développement plus long, je vous propose (ci-dessus) une courte sélection de pistes que j’ai particulièrement apprécié.
J'ai découvert l'OST de Fire Emblem : Awakening lorsque j'y ai joué en 2013, et j'ai immédiatement adhéré à sa bande-son. Jusqu'alors, j'avais apprécié les musiques des autres Fire Emblem que j'avais fait (Rekka no Ken [épisode 7 sur GBA] et Shadow Dragon), mais depuis, celle-ci a clairement ma préférence et sera difficile à détrôner (Fire Emblem Fates ?). Il m'arrive assez souvent de la réécouter tellement je la trouve aussi agréable en jeu qu'en dehors. On y trouve beaucoup de choses, tout en conservant l'aspect d'un grand ensemble musical. Bien sûr, les pistes ressortant le plus sont celles des combats, toujours très dynamiques et puissantes, dans une tonalité souvent militaire, mais toujours avec une orchestration riche et soignée. Dans cette catégorie, mes favorites sont les Id, les Destiny, les Conquest, Prelude (Ablaze), Old Battlefield et même la plus « posée » We'd best prepare for combat, just to be safe.. Les chœurs amplifient d'ailleurs la dimension épique de ces pistes (exemples que j’apprécie particulièrement, Divine Decree (Ablaze), Mastermind et Monstrosity). Cette bande-son ne manque pas de thèmes inquiétants et ténébreux, accompagnant avec brio les événements du jeu, et structurant l'écoute de cette OST, comme Misericorde (avec une sonorité rappelant Okami) ou encore Run all you like — you can't escape fate. Les morceaux Chaos et surtout Chaos (Ablaze) réalisent un savant mélange de ces deux catégories, un thème de combat intense dans une atmosphère oppressante. Outre ces musiques, l'OST comporte un certain nombre de pistes plus légères, telles que The Vaike never forgets ! I just don't always remember., mais aussi et surtout des compositions plus émouvantes et touchantes, même hors contexte, comme l'excellente Don't Speak her Name et sa suite logique And what if I can't ? What if I'm not worthy of her ideals ?. La fameuse « ...... » mérite aussi sa place ici. Enfin, je ne peux pas terminer sans avoir mentionné You have power... like mine., une mélodie délicate et douce, presque « hors du temps » vis-à-vis du reste de cette OST, ainsi que l'incontournable et traditionnelle réinterprétation du thème principal de la série, Omen (Main Theme).
N'oubliez pas que vous pouvez vous procurer la bande originale officielle, notamment sur ce site. Rédigé par Chris17cp, Delldongo et Dracohelianth, le 4 mai 2016
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