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Pour ce mois-ci, nous vous proposons de découvrir la bande originale d'un RPG renommé en Occident : Pillars of Eternity. Développé par le studio californien Obsidian Entertainment sous le nom originel de Project Eternity, il a été le fruit d'une campagne Kickstarter pour le moins couronnée de succès. En effet, l'équipe a reçu près de 4 millions de dollars (4 fois le montant demandé) de presque 74 000 contributeurs, pour réaliser ses objectifs. Après sa sortie en 2015 sur PC, le jeu a reçu une extension nommée The White March, divisée en deux parties respectivement publiées en 2015 puis 2016. Pillars of Eternity a ensuite bénéficié d'une édition complète sur PS4 et Xbox One en août 2017. Rappelons que Pillars of Eternity II : Deadfire, suite directe au premier épisode, est sorti en ce mois de mai sur PC. Mais pour découvrir cette saga de renom, revenons aux sources, avec la bande-son de Pillars of Eternity, composée par Justin Bell. Bien sûr, n'hésitez pas à partager votre point de vue à propos de l'OST ou de l'article, sur le forum ou les réseaux sociaux !
Très peu d'informations circulent sur Justin E. Bell. Ses premiers travaux, en tant que directeur d'effets sonores, remontent à 2000 sur le film The Simian Line et Les petits héros 2. Il a participé à plusieurs autres projets, soit en tant que programmeur musical (série TV Eleventh Hour) ou en tant que designer du son, et notamment en 2009 pour le jeu vidéo The Saboteur. Il enchaîne ainsi les travaux sur différents jeux, comme Fallout : New Vegas en 2010 en tant que sound designer et compositeur de musiques additionnelles (aux côtés d'Inon Zur), puis Dungeon Siege III et la série Nikita jusqu'en 2013. Entre temps, il participe également à la série TV de jeu de rôle papier Critical Role (Dungeons & Dragons) en composant également quelques unes de ses musiques.
La bande-son de Pillars of Eternity se compose de 26 pistes pour un peu plus d'une heure d'écoute. Le premier morceau met tout de suite dans l'ambiance (Eora (Title Theme)) : une allure solennelle et majestueuse mais aussi une musique qui interpelle tout de suite par ses consonances avec de nombreuses musiques de films. Plus mystique, plus mystérieuse, plus personnelle aussi, Encampment nous propose une véritable atmosphère, un peu en dehors de toute mélodie. Avec The Harbingers Doom ou Crashed Upon the Shield, nous avons là des pistes plus épiques et échevelées, bien qu'assez courtes. Mais la plupart sont plutôt basées sur une ambiance, comme dans Dyrwood, qui fait la part belle au hautbois. D'une manière générale les orchestrations sont à la fois soignées et assez minimales, ce qui est toujours agréable. Gilded Vale, ainsi que d'autres pistes comme Skean, Defiance Bay, Brackenbury, et d'autres, sont dans la même veine, parfois même à la limite de l'abstraction. Si l'OST peine de manière générale à trouver son caractère propre, cela est dû en grande partie aux harmonies assez simplistes utilisées, ainsi qu'aux références trop évidentes qu'on y décèle. Comment ne pas penser à Shadow Hearts en écoutant Oldsong (par ailleurs doté d'une partie de violon sublime), à Trinity : Souls of Zill O'll en entendant Their Hearts Grew Bold ou à Oblivion avec Woedica ? Les références sont nombreuses, trop peut-être, et ne permettent pas réellement de créer un univers musical cohérent. La plupart des pistes jouent également un peu trop dans la même catégorie, n'apportant pas ce petit élément supplémentaire qui permet de distinguer une musique d'une autre. Si elles restent néanmoins très bien réalisées et sans véritable erreur, l'impression d'écouter un peu toujours la même chose se fait donc assez vite ressentir (Ondras Gift, Dyrford,Twin Elms). Heureusement, quelques musiques viennent briser un peu cette monotonie, apportant ainsi une touche à la fois personnelle et beaucoup moins scolaire. C'est le cas de The Lover Cried Out, jouée à la guitare classique dans un style ancien assez expressif. Une des pistes les plus caractéristiques de l'OST est The Fox and the Farmer, entraînante et prenante avec son rythme de danse entêtée. Shadow of the Sun, avec son beau solo de violon, nous embarque aussi dans un univers merveilleux qui nous fera inévitablement penser à Danny Elfman. Nous pouvons aussi citer The Dragon Thrashed and Wailed, une excellente musique à l'énergie bien trop rare dans l'OST, qu'on ne retrouvera qu'à la toute fin avec Come Soft Winds of Death. Mais ces petits apartés sont bien trop épars pour faire sortir l'auditeur d'une certaine léthargie. La bande-son, sans être mauvaise d'un point de vue technique, loin de là, ne possède pas assez d'originalité pour sublimer une simple écoute. Elle se contente (avec une qualité certaine) d'accompagner des ambiances, mais ne propose que trop rarement un contenu personnel.
L'OST de Pillars of Eternity n'est pas très marquante, elle se laisse écouter mais plutôt légèrement. La première musique, Eora (Title Theme), est splendide et nous transporte dans une atmosphère douce et tranquille, une magnifique introduction. La plupart des musiques sont simples et agréables à l'écoute. Heureusement, certaines sortent du lot, la plus mémorable est sans conteste The Fox and the Farmer, avec un rythme bien soutenu et qui nous embarque totalement (je me suis crue dans Final Fantasy Crystal Chronicles). Ensuite arrivent les musiques un peu dans le même registre, proposant de la tranquillité avec Defiance Bay puis Ondras Gift et Dyrford. Ensuite, la majestueuse Shadow of the Sun arrive, nous emportant dans un univers enchanteur. Pour finir, j'ai été ravie d'entendre des musiques épiques comme The Harbingers Doom ou Crashed Upon the Shield, mais qui sont bien trop courtes. Ainsi, cette bande-son est sympa à découvrir mais elle ne laisse pas une empreinte indélébile, surtout quand on a pas fait le jeu.
Pillars of Eternity est une licence récente mais pourtant très connue dans le domaine du RPG occidental. Mais pour ceux qui ne connaissent pas le jeu d'où elle est tirée, la bande-son peut sembler pour le moins banale. En effet, bien que de bonne facture et à l'instrumentation variée comme on l'entend à merveille dans la sublime Eora (Title Theme), on retrouve toujours le même type de mélodie dans une majorité des pistes, composées pour la plupart d'une même recette instrumentale. The Harbingers Doom rompt un peu avec les précédentes grâce à son rythme plus vif, mais sans jamais surprendre celui qui l'écoute. Au final, on imagine très facilement toutes ces pistes dans un film fantastique quelconque, davantage portées sur l'ambiance. On retrouve une sensation de grande production hollywoodienne dans cette bande-son exclusivement orchestrale. Cela dit, cela n'enlève en rien la qualité de l'écoute. Certaines pistes sont très belles (Oldsong, Defiance Bay), The Fox and the Farmer offre quant à elle un peu de joie de vivre, au milieu de toute cette tranquillité. En écoutant Woedica, j'ai d'ailleurs noté une ressemblance frappante avec The Forgotten Capital de Final Fantasy XII. J'apprécie tout de même la mélancolique Burial Isle, jouée principalement au violon.
Vous pouvez écouter l'album gratuitement sur Spotify. Rédigé par Delldongo, Tennee et Wolfangele le 6 juin 2018
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