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Pour ce troisième rendez-vous de l’OST du mois, nous avons choisi de vous présenter l’oeuvre de Shoji Meguro et plus particulièrement sa pièce maîtresse, la bande-son de Shin Megami Tensei III : Lucifer’s Call.
Shoji Meguro est né le 4 juin 1971 à Tokyo, au Japon. Durant son enfance, il n’était pas vraiment fan de J-Pop et autres musiques populaires, et préférait écouter du classique. Ses parents étant chefs d’une usine, il a grandi dans un environnement très « technologique », ce qui peut expliquer les intonations industrielles de certains de ses morceaux. C’est à partir du lycée qu’il va commencer à jouer de la musique, mais il poursuivra ses études en tant qu’hydrodynamicien, et ne se lancera en tant que compositeur qu’après la fin de ses études. Très influencé par le style « fusion » japonais, et notamment par le groupe The Square (ref : interview), il a su développer une signature unique, empreinte de rock, d’électro, de jazz et parfois même de hip-hop. C’est en 1995 que le compositeur va rejoindre Atlus, avec pour première mission la bande-son de Revelations : Persona (qui est le premier opus de la désormais célèbre série des Persona). Il n’y compose qu’un quart des pistes, mais à partir de là son nom va être associé à tous les épisodes de la série, et plus généralement de la gamme Megami Tensei. Sa composition The Aria of the Soul (nommée Velvet Room lors de sa sortie sur la première version de l’OST) deviendra d’ailleurs un thème phare de la série Persona. Bien qu’il partage certains de ses travaux avec d’autres musiciens (tels que Kenichi Tsuchiya, Toshiko Tasaki, Atsushi Kitajoh…), il devient très vite le compositeur principal de la franchise. Entre 2003 et 2005 il travaille sur l’excellente OST de Shin Megami Tensei III : Nocturne (que nous présenterons plus loin), mais aussi sur la branche Digital Devil Saga(1 et 2), pour laquelle il aura une quasi-totale liberté et pourra laisser libre court à son imagination. C’est sans doute l’album où son style est le plus marqué. Il se fait ensuite connaître surtout grâce à son travail sur Persona 3. Dans cette OST il introduit un style très J-Pop qui colle parfaitement à l’ambiance du soft, et qu’il conservera pour les épisodes qui suivent (notamment Persona 4 qui aura un fort succès en Occident). Il continuera de participer à tous les opus suivants, et se verra même promu directeur sur le portage PSP des épisodes Persona 2 : Innocent Sin et Persona 2 : Eternal Punishment. En dehors de ses travaux sur la franchise Megami Tensei, il a aussi participé à la composition des OST de Maken X et de sa suite, entre 1999 et 2001, ainsi que de la série Trauma Center. Plus récemment, on a eu la surprise de le retrouver aux commandes de la bande-son de Catherine, sur laquelle il reprendra notamment certaines compositions classiques (Chopin, Beethoven…) pour les remixer à une sauce glauque fidèle à l’atmosphère du jeu. On pourra d’ailleurs noter qu’il avait déjà utilisé certains « tubes » classique auparavant, notamment pour Persona 2 (par exemple le fameux Clair de Lune de Debussy). Malgré ses nombreuses collaborations, Meguro s’identifie grâce à son style unique. Il dit lui-même ne pas se laisser influencer par les autres (bien qu’il soit obligé de suivre certaines indications de ses supérieurs parfois). Il sait mélanger ou varier les atmosphères, et il peut passer d’une simple ambiance au piano à un morceau de rock progressif à la guitare électrique. Il aime déconstruire les mélodies et surprendre ses auditeurs, ce qui peut parfois rebuter lors d’une première écoute. On pourra lui reprocher éventuellement de ne pas trop s’aventurer dans le registre de l’émotionnel (et généralement avec peu de succès), puisqu’il préfère de loin les ambiances jazzy ou rock, et parfois un peu mystiques. Dans l’ensemble son travail reste unique et participe pleinement à l’identité des Persona ou Megami Tensei. On notera d’ailleurs son absence quasi-totale du dernier en date (Shin Megami Tensei IV) pour lequel il ne compose que 2 titres, le reste de l’OST étant divisée entre 5 autres compositeurs, ce qui explique sans doute en partie le manque d’identité du jeu, mais là nous sortons des propos de cet article... On peut toutefois se rassurer, Meguro n’a pas abandonné la franchise, puisqu’il travaille actuellement pleinement sur l’OST du très attendu Persona 5. Et ce n’est pas juste quelques pistes mais bien la bande-son complète dont il a la charge. Alors vivement 2016 !
La bande originale du jeu est sortie en deux temps. Tout d’abord il y a eu la première OST (2 CD), sur laquelle Meguro a majoritairement participé. Kenichi Tsuchiya et Toshiko Tasaki ont également apporté quelques contributions (9 pistes sur les 49 que compte l’œuvre). Certains morceaux de l’OST sont des reprises d’anciennes pistes de la saga, composées essentiellement par Tsukasa Masuko. Par la suite, un autre CD est sorti, intitulé Shin Megami Tensei III Nocturne Maniacs Soundtrack extra version, qui regroupe les pistes spécifiques à la version « augmentée » du jeu (celle qui est sortie en Occident sous le titre Lucifer’s Call, dans laquelle on retrouve notamment le personnage de Dante issu du jeu Devil May Cry). Sur ce second volume, les trois compositeurs se sont répartis le travail à parts égales, composant chacun entre 6 et 8 pistes (pour un total de 21 morceaux). Dans cet article, nous parlerons de l’OST de SMT III dans son ensemble, c’est-à-dire en considérant les deux volumes regroupés (comme si le volume Maniacs était le troisième CD de l’OST). La bande-son est introduite par deux thèmes « Title Loop » qui traduisent très bien l’ambiance générale de l’œuvre. Le premier est tout simplement une introduction merveilleuse à l’atmosphère électro-ésotérique et démoniaque du soft, soulignée par quelques notes de piano bien lourdes. Le deuxième est plus expérimental, reprenant l’un des thèmes principaux du jeu, très rock, et s’aventurant ensuite dans un registre à la limite du jazz. Et voilà une très bonne façon de situer l’œuvre, qui oscille tout du long entre ces deux tendances (ou en les mélangeant), avec toutefois quelques compositions bien différentes. Malgré la participation de 3 artistes à cette bande-son, l’ensemble reste très cohérent et de bonne qualité. On n’échappe pas à quelques ratages quand même (comme Large Map, Mystery…) mais ils sont vite oubliés, surtout face à la qualité des thèmes de combat. Ces derniers, il faut bien le dire, donnent la patate ! C’est du bon gros rock-électro, avec parfois des samples de voix (un bel exemple étant l’excellent Boss Battle). C’est sûr, on est loin de la J-Pop des Persona… Le côté « messe satanique » refait souvent surface avec l’introduction d’un orgue aux accents démoniaques. Pour ce qui est des thèmes d’ambiance, on est plutôt servis dans le registre de l’ésotérique/angoissant, qui laisse peu de place aux élans de fantaisie (par exemple Kabuki-Cho ou Masura), bien que certains soient un peu plus électriques (The Depths of Amala). Il faut noter une chose peu commune à cette OST, c’est son absence de thème principal, ou du moins son passage au second plan. Généralement, dans toute bande-son de RPG, on retrouve un thème très présent (un peu trop), repris à toutes les sauces. Et bien ici, non ! Mais cela ne dégrade en rien le ciment de l’œuvre. Il y a bien un thème que l’on entend plusieurs fois, mais de là à le qualifier de thème principal... Un aperçu de l’OST à découvrir :
Wolf :
Rédigé par Chris17cp, Delldongo, Dracohelianth, Natahem et Wolf, le 1er novembre 2015
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