Star Ocean 3 (Motoi Sakuraba)


Cette OST du mois d’avril est consacrée à un grand monsieur de la « game music », le très prolifique Motoi Sakuraba, et plus particulièrement à la bande-son de Star Ocean : Till the End of Time, un jeu sorti en 2004 au Japon sur PS2.

Aussi souvent loué que critiqué, ce compositeur est également l’un des plus connus des amateurs de RPG et pour cause : il s’agit du compositeur principal des licences Tales of, Star Ocean, Valkyrie Profile, Golden Sun, ou encore Baten Kaitos, une liste bien entendu loin d’être exhaustive.

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Motoi Sakuraba

A la fin de l'année 1989, Sakuraba commence à travailler en tant que compositeur pour la WolfTeam aux côtés de Masaaki Uno et de Yasunori Shiono. Le réseau professionnel et les amitiés qu'il va créer ici feront de lui un compositeur très demandé aussi bien pour des créations originales que pour des arrangements.

En 1994, l'ancien directeur (et compositeur) de la WolfTeam, Masaaki Uno, commence à travailler en tant que coordinateur et « sound director » pour Camelot Software Plannings qui développe des jeux pour Sony, Sega et Nintendo. Il n'a pas oublié Sakuraba est fera appel à lui pour concevoir les musiques de nombreux jeux de la firme. On le retrouve ainsi crédité dans les Shining (Shining the Holy Ark et Shining Force III), les Mario Golf, les Mario Tennis ou encore les Golden Sun.

En 1995, la WolfTeam développe le jeu Tales of Phantasia pour Namco. Sakuraba et Shinji Tamura seront responsables (principalement) de la composition des musiques des premiers jeux de la série Tales of. La WolfTeam (ou tout du moins ce qu'il en restera, de nombreux éléments l'ayant quittée suite à des divergences de points de vue avec Namco) deviendra le Namco Tales Studio en 2003. Sakuraba se verra confier la quasi totalité des jeux de la licence Tales of suivants.

Toujours en 1995, Jun Asanuma (directeur et producteur de WolfTeam), et Yoshiharu Gotanda (programmeur et scénariste de Tales of Phantasia) fondent le studio tri-Ace grâce au soutien financier d'Enix. Ce studio va créer deux des licences les plus appréciées des amateurs de J-RPG : Star Ocean et Vakyrie Profile. Dans les deux cas, on retrouve Sakuraba au poste de compositeur ; l'artiste se chargera d'ailleurs des musiques de la plupart des jeux de tri-Ace (dont Resonance of Fate en 2010 et Exist Archive en 2015).

En 1999, Hiroya Hatsushiba, un ancien membre de la WolfTeam et de tri-Ace fonde tri-Crescendo. Si ce studio se concentre dans un premier temps sur des travaux sonores pour les jeux tri-Ace, il se lance dans le développement de jeux dès 2001. Celui de Baten Kaitos : Les ailes éternelles et l'océan perdu débute alors en partenariat avec tri-Ace et grâce au soutien financier de Namco. Une fois encore, on appelle Sakuraba pour lui confier les musiques de ce RPG, puis de sa préquelle, Baten Kaitos Origins (en 2006). L'artiste travaillera également sur Eternal Sonata (en 2007).

Motoi Sakuraba est un artiste prolifique que l'on ne peut dissocier de certaines licences. Son style est, la plupart du temps, aisément reconnaissable ; c'est d'ailleurs un reproche qui lui est souvent fait, certaines personnes estimant qu'il peine à se renouveler (« syndrome » des Tales of ?). Le bonhomme ne manque néanmoins clairement pas de ressources est a notamment rappelé au monde entier avec les OST de Dark Souls (2011) et Dark Souls II (2015), qu'il faut toujours compter sur lui y compris là où ne l'attend pas !

Notez pour finir qu'il a également « contribué » à de nombreux autres projets professionnels (il a par exemple arrangé quelques musiques de Super Smash Bros. Brawl et de Super Smash Bros. pour Nintendo 3DS et Wii U) ou amateurs (scène Dojin) et qu'il a aussi publié des albums solo tels que « Forest of glass » (2008), « What's up ? » (2013) ou encore « Passage » (2013).

Découvrez vingt morceaux composés par Motoi Sakuraba

Note : cette sélection ne traite que des musiques composées par Motoi Sakuraba avant Star Ocean 3 ; nous traiterons la suite dans un prochain article

Critique de l'OST de Star Ocean : Till the End of Time (par Natahem et Delldongo)

Ce mois-ci nous vous proposons de (re)découvrir l’une des plus belles œuvres de Sakuraba, Star Ocean 3 : Till the End of Time (abrégé SO3), sortie le 19 mars 2003, soit il y a tout juste 13 ans. Cette bande-son correspond un peu à un tournant dans la carrière de Sakuraba, puisqu’il s’agit à la fois du passage entre la PlayStation et la PS2 (qui permet une qualité sonore beaucoup plus avancée) mais aussi, hélas, la fin de sa période créative, puisque par la suite on va souvent lui reprocher de faire du recyclage. Heureusement, SO3 fait encore partie de l’âge d’or de ses travaux.

Tout d’abord il faut savoir que l’OST est sortie en 2 Volumes vendus séparément (à l’exception d’un coffret les incluant tous les deux, ainsi que deux autres CD de remixes et arrangements). Le premier Volume regroupe l’essentiel des musiques de style orchestral ou d’ambiance, et peut être vu comme une sélection des morceaux les plus doux du jeu. Le second Volume regroupe tous les autres thèmes, beaucoup étant orientés « rock expérimental » ou « compositions synthé » de qualité inférieure. La critique se compose donc de deux parties, chacune traitant d’un Volume.

Volume 1

Comme on pourrait s’y attendre, l’OST s’ouvre sur une composition aux sonorités très « spatiales ». Mais passées les premières pistes, c’est une ambiance assez sombre qui prend le relais, un peu en contradiction avec le visuel « enfantin » des personnages. Des atmosphères « glaciales », faisant écho au sentiment de solitude et d’errance dans l’espace, vont dominer le début de l’œuvre (Misted Moon, Chrysanthemum in Winter). Les thèmes d’affrontements n’apportent pas beaucoup plus de joie, puisqu’ils sont aussi emprunts de désespoir (à l’image du très bon Starless Wavelets qui accompagne l’une des premières séquences de combat). Il faut attendre un peu plus tard pour avoir enfin des morceaux qui redonnent la pêche, tels que The Outbreak of War ou March for Glory, ou des pistes plus lourdes, comme Sail Against the Wind ou Imperial Garden. Il y a très peu de thèmes joyeux, en dehors peut-être de Stafflower in the Castle Town ou Lively Step. L’essentiel de l’OST est donc plutôt tourné du côté dramatique, avec des pistes purement glaçantes comme Interval of Freezed Time (les pistes plus joyeuses sont surtout présentes sur le Volume 2). On sent que Sakuraba savait encore se faire plaisir en composant. Il nous amène parfois sur des morceaux difficiles à la première écoute (So Alone, Be Sorrow - Piano Version) mais qui s’avèrent être de très belles pistes. Il n’y a pas non plus de mélodie spécialement associée au jeu. Chaque piste possède un thème unique, mais l’ensemble n’en n’est pas moins harmonieux.

Sakuraba est connu pour aimer user et abuser d’instruments à vent dans ses ambiances. Ici il ne déroge pas à la règle, mais leur présence est toutefois plus diffuse et mieux intégrée dans les compositions, sans doute grâce à une bonne qualité sonore. C’est notamment le cas du thème du jeu (du moins celui qui porte son nom), Till the End of Time, qui repose essentiellement sur la flûte, mais qui se révèle vraiment harmonieux. Sur d’autres morceaux en revanche, leur présence est un peu trop forte (Fallen Leaves - Flute Version).

On notera aussi la présence de certaines musiques qui ne sont pas destinées à tourner en boucle, telles que des fonds sonores classiques (comme So Alone, Be Sorrow). Mais dans le jeu, leur usage est très mauvais, et souvent elles s’arrêtent au milieu d’une séquence ou ne sont pas du tout synchronisées avec les actions. De plus, certaines compositions qui mériteraient d’être mises en valeur (comme le thème principal, que l’on peut qualifier de petit bijou) sont très mal utilisées dans le jeu. D’où l’importance d’écouter cette œuvre indépendamment de l’expérience vidéo-ludique.

Volume 2

Le Volume 2 de cette OST rassemble principalement les thèmes de combat, au contraire du premier Volume qui fait la part belle aux musiques d’ambiance. On y trouve un style encore plus typique du compositeur, celui qui a fait sa renommée, aussi bien à charge qu’à décharge : sonorités artificielles, orgue, guitares saturées, improvisations et nappes de fond sur une grossière boîte à rythme. Sakuraba n’est sans doute pas un grand compositeur (en tout cas à cette époque), ni mélodiquement, ni harmoniquement, ni même dans l’orchestration ou l’invention. Il a en revanche pour lui un certain sens du rythme et de l’énergie, ce qui passe très bien pour certaines pistes (Cutting Edge of Notion), et plutôt mal pour d’autres (Malicious Fingers), car au final tout finit par se ressembler, avec des masses sonores parfois indigentes, peu élégantes, à la limite de l’insipide (Frightened Eyes, The Virtual Image par exemple). On s’ennuie parfois ferme (Rust Color), on pense même parfois à couper le son (Bracing Forest Wind, Moon Base, Air Harmony), tandis que certaines pistes possèdent réellement un caractère bien à elles, comme Adventurous Spirit. On pourra aussi noter les expérimentations sonores de Robe under Cover of Darkness, qui, sans être géniales, ont au moins le mérite de susciter chez l’auditeur une réaction. Twisted Base propose aussi sa petite expérimentation, mais la musique manque clairement d’intention et surtout de créativité.

Cela dit, on se concentrera en priorité sur les quelques pistes de ce second Volume qui sortent un peu du lot, et qui paraissent donc pour le coup largement plus intéressantes, comme les dansantes Pert Girl on the Sandy Beach et Gaiety Company. Moins anecdotiques, certaines pistes retiennent beaucoup plus l’attention, et permettent d’entrevoir une meilleure facette du compositeur. Cela est notamment le cas dans Evil Shade Crept, aux tonalités industrielles. On notera aussi des incursions dans d’autres styles comme le rap (Bitter Dance) ou le jazz (Moody Goddess). L’humour n’est pas totalement absent non plus, avec What’s up, sans être une très grande réussite. Il faut bien l’avouer : beaucoup de pistes de ce second volume manquent tout simplement d’âme ou d'inspiration (par exemple People Inside a Fence).

Il ressort de toutes ces musiques une monotonie, tout à la fois dans l’instrumentation utilisée que dans le style, qui n’arrive que trop rarement à nous emmener, voire nous transporter dans une autre dimension. La longue piste Highbrow nous réservera d’ailleurs un assez bon résumé de la manière Sakuraba. Mais globalement, on pourra arriver à se demander, parfois, où se trouve la musicalité, ce qui est d’autant plus dommage quand on voit ce qu’a produit par la suite ce compositeur. Au final ce Volume 2 est surtout là pour nous rappeler que Motoi Sakuraba ne fait pas que du bon, et que souvent ses compositions contiennent le meilleur, comme le pire.

Quelques pistes de Star Ocean 3 à découvrir :

L'avis de Xeno

La bande-son originale de Star Ocean 3 est la parfaite illustration des compositions et du style de Sakuraba. On y trouve du très très bon ainsi que du nettement moins bon. C’est réellement typique de la carrière de tonton Motoi, qui a clairement côtoyé l’excellence (Valkyrie Profile, Star Ocean 1 et 2, ...) mais aussi la médiocrité (la quasi-majorité des Tales of récents).
Dans ce jeu, Motoi Sakuraba sait créer un style « spatial » tout simplement sidérant, qu’il impose dès la première note et les premières minutes. On se laisse envoûter par l’univers qu’il crée et on sent qu’il se fait véritablement plaisir sur cette composition. Certains thèmes nous font ressentir le vide ou la « sonorité » de l’espace (on rappelle au passage que c’est impossible), alors que d’autres comme Divine Spirit of Language nous rappellent la violence des combats et leur réalité.
Malheureusement, le bon s’agence aussi avec du moins bon. De nombreuses pistes sont trop passe-partout ou font penser à un véritable capharnaüm. C’est notamment le cas du Volume 2 qui manque grandement d’inspiration, de diversité ainsi que d’éclat de génie.
Star Ocean 3 est donc une OST à écouter en mélangeant le bon du Volume 1 avec le moins bon du Volume 2, afin de ne pas se faire une idée trop négative de ce dernier, qui pourrait ne pas être si mauvais s’il était agencé différemment.

La « cover » du mois : So Alone, Be Sorrow

Rédigé par Chris17cp, Delldongo, Dracohelianth, Natahem et Xeno, le 2 avril 2016

But this demon fascinates my ass, Jimenez, SMT Strange Journey Thèmes
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