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Comme en mai, on fait ce qu’il nous plait, nous vous proposons de revenir sur une série légendaire : The Legend of Zelda. Avec la sortie du récent épisode, Breath of the Wild, nous avons pensé qu’il serait bon de se rafraîchir les oreilles avec une OST d’un des opus précédents : Twilight Princess. L’occasion aussi de plonger dans l’univers musical de Koji Kondo, un des compositeurs de musiques de jeux vidéo les plus connus. Comme toujours, vous trouverez sur cette page une sélection de compositions de Koji Kondo, une critique détaillée de la bande-son, ainsi que quelques avis de nos rédacteurs/trices. N’oubliez pas le forum, où vos retours, à la fois sur les musiques et cet article, sont toujours appréciés. Bonne lecture et bonne écoute !
Né le 13 août 1961 à Nagoya au Japon, Koji Kondo est un compositeur, pianiste et chef d’orchestre, surtout connu pour ses travaux dans la musique de jeux vidéo, et notamment sur les séries Super Mario et The Legend of Zelda. S’il commence l’orgue électrique dès l’âge de 5 ans, il se retrouve ensuite membre d’un groupe de jazz/rock sans pour autant suivre des études musicales spécifiques. En 1983, il répond simplement à une demande de recrutement de Nintendo et est engagé pour épauler Hirokazu Tanaka et Yukio Kaneoka pour tout ce qui concerne la musique et les effets sonores dans les jeux. Contrairement à ses compères, il se consacre uniquement aux compositions musicales. Son premier travail, avant même d’être engagé sera pour le jeu d’arcade Punch-Out!!, puis pour Devil World (1984). Coup sur coup, il compose la bande-son de Super Mario Bros. (1985) et quatre thèmes pour celle de The Legend of Zelda (1986), depuis passés à la postérité. Pour l’anecdote, le thème du monde sous-marin de Mario (une petite valse), est le tout premier composé pour le jeu. Quant au thème de Mario, il a dépassé le simple cadre du jeu vidéo, devenant par exemple la sonnerie de portable la plus vendue au monde. Suivent les compositions de titres moins connus (The Mysterious Murasame Castle en 1986, Shin Onigashima en 1987). Bien sûr on le retrouvera pour les OST de la plupart des opus suivants des deux séries phares de Nintendo, avec bien entendu beaucoup d’autres titres de la firme (Star Fox 64 par exemple). Une de ses œuvres phares reste la bande-son de Ocarina of Time, la musique jouant un grand rôle dans le jeu. Il se tiendra ensuite un peu plus en retrait, se « contentant » de superviser les musiques, mais reviendra à la composition notamment pour Super Mario Maker, le jeu célébrant les 30 ans de la saga. Ses principales influences sont la musique pop (Deep Purple), le jazz, mais aussi la musique latino-américaine et la musique classique : plus particulièrement les concertos pour piano de Rachmaninoff, car c’est avant tout un compositeur mélodiste, qui ne se situe pas dans le domaine de la recherche harmonique ou musicale.
Si la série The Legend of Zelda est connue pour n'avoir pratiquement jamais déçu son public et opus après opus (la Philips CDI ? Qu'est-ce que c'est ?) ; notamment grâce à des quêtes mémorables à l'aspect épique et à un gameplay peaufiné à la quasi-perfection, il est un autre domaine dans lequel la série excelle et il s'agit de la bande-son. Nombre de thèmes issus de l'imagination de Koji Kondo se sont hissés au rang de pistes cultes, et rares sont les joueurs ne connaissant pas le thème principal d'une manière ou d'une autre ou n'ayant jamais entendu Le chant des tempêtes ou La berceuse de Zelda. L'épisode Twilight Princess qui nous intéresse aujourd'hui, bien qu'il fasse aisément honneur à la saga, propose une OST singulière à plus d'un titre. Du haut de ses 6h05, la bande-son se compose en partie de ré-orchestration d'anciens thèmes mais aussi de thèmes inédits, et le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle « dénote » de celles des épisodes précédents, notamment dans ses sonorités. Si les pistes sont toujours aussi épiques, elles se retrouvent plus lourdes et plus sombres, faisant écho au ton du jeu, plus « mature » et mélancolique. L'OST joue sur des notes graves et de lourdes percussions pour clairement faire ressentir l'ambiance triste, glauque et crépusculaire du titre. Les thèmes Hyrule Field Night Theme ou Midna's Lament sont de parfaits exemples de ce changement de ton opéré. Midna's Lament plus précisément, une piste phare de l'OST, se compose de quelques notes de piano graves répétées en toile de fond sur lesquelles viennent se greffer des notes plus aiguës et lancinantes. En résulte un thème triste et lourd en parfaite adéquation avec non seulement le moment durant lequel on peut l'entendre, mais aussi le jeu. Les thèmes de boss sont eux aussi plus graves, plus sombres et transmettent une impression de danger et de sauvagerie omniprésente. Très « David contre Goliath vraiment énervé » sans pour autant délaisser le côté affrontements épiques, les pistes Ganon battle ou encore Diababa Battle s'inscrivent clairement dans cette optique et sont de parfaits ambassadeurs de la vision des boss envisagée dans cet opus. Si les nouveaux thèmes sont sombres, les anciens n'échappent pas à ce phénomène d'alourdissement et les réorchestrations des thèmes les plus connus de la saga ne les épargnent pas. Si certains sont quasiment les mêmes, d'autres se trouvent modifiés voir transfigurés. En effet des pistes telles que celle des bois perdus, de la plaine d'Hyrule ou encore le thème principal se retrouvent métamorphosées, avec un nouveau souffle instillant un ressenti sensiblement différent, voir diamétralement opposé pour certaines, mais toujours fidèles à elles-mêmes. Ainsi, la piste Sacred Grove propose une relecture torturée et dérangeante de l'entrainant thème des bois perdus d'Ocarina of Time, mais la mélodie de base est présente. Il est à noter que nombreuses sont les pistes à inclure en elles des morceaux et mélodies connus de précédents opus sans pour autant qu'il ne s’agisse de réorchestrations (c'est le cas notamment du thème Zelda's Battle qui comprend la mélodie de la Berceuse de Zelda.) Réduire cette bande-son à des pistes graves et angoissantes serait néanmoins très réducteur. En effet, s’il est singulier de trouver autant de pistes sombres ou mélancoliques dans une OST Zelda, ces dernières ne composent pas la majorité de la bande-son et celle-ci regorge de thèmes plus lumineux, joyeux et épiques. Ilia's Theme par exemple ou encore Kakariko is saved, des pistes plus calmes, posées et lumineuses, se posent en véritable moments de répit au milieu d’une aventure à l’atmosphère pesante ; tandis que d’autres pistes plus atypiques comme Hidden Village nous font voyager dans des atmosphères complètements inattendues (ici très western) dans un tel jeu. Un effet dépaysant complètement grisant et bienvenu. Au final, cette OST remplit son office à la quasi-perfection et rares sont les fautes de goût qui viendront ternir un travail si efficace. Par moments véritable invitation à l'aventure, par d’autres vecteur d’angoisse, la bande-son renforce une fantastique sensation d'immersion dans le Hyrule torturé de Twilight Princess, nous galvanisant et nous faisant comprendre qu'il est ici plus que jamais nécessaire que Link ne faillisse pas.
Que dire : les musiques de Zelda ont bercé mon enfance et continuent de le faire, je me vois bercer mon neveu en fredonnant des airs, où me lever le matin avec celui du Village Cocorico. Cette OST est particulière car elle arrive à garder certains thèmes bien connus, tout en les arrangeant pour l’atmosphère crépusculaire de cet opus (j’ai adoré retrouver la mélodie de La berceuse de Zelda dans le thème Zelda's Battle). Je pense aussi notamment aux Howling Duet, qui reprennent la plupart des musiques connues jouées à l’ocarina dans Ocarina of Time, sous une autre forme vraiment intéressante (Requiem of spirit, Song of Healing, Prelude of Light...). Les emblématiques Title Theme et Hyrule Field Main Theme sont magistraux, j'adore les voix et le cri du loup, car cela donne le ton : on sait qu’on joue à un Zelda et que l’on va découvrir un autre aspect plus sombre. Les thèmes des personnages sont vraiment reconnaissables, et sont de parfaits exemples de musiques qui marquent les esprits, ceux sur Midna comme Midna's Lament ou encore le thème phare de l’héroïne de la saga Zelda’s Theme. Un autre thème qui a particulièrement retenu mon intention est celui de la reine des Zora, Rutela’s Theme. D’autres musiques sont singulières et très représentatives de ce qu’elles évoquent, je pense notamment à celles des villages, ou le calme et splendide air d’Ordon Village ou encore celle qu’on croirait tirée d’un western (The Hidden Village). Des musiques très spécifiques sont aussi présentes pour les mini-jeux ou magasins, la plus marquante pour sa fraîcheur et son dynamisme est pour moi celle de Malo Mart. Ensuite, vient toute la partie « Twilight », et autant dire que cela nous plonge vraiment dans un environnement effrayant, sombre et angoissant. Les meilleurs exemples restent d’ailleurs Twilight ou encore Palace of Twilight, qui nous immergent totalement dans cette atmosphère étrange. Et que dire des musiques de combat, elles sont toujours aussi intenses que les batailles menées, surtout celles des boss, comme Ganon battle. J’aime les chœurs, je suis fan des loups, alors autant dire que cet épisode m’a marqué. Bien que les musiques ne soient pas aussi connues que dans certains autres épisodes, c’est sûrement car elles sont plus atypiques mais transmettant bien l’atmosphère de cet opus. En tout cas, j’ai adoré aussi bien pour les reprises que les nouveaux thèmes, qui s’adaptent totalement à Twilight Princess.
Connaissant assez mal l’univers des Zelda (oui, personne n’est parfait), en écoutant cette gigantesque OST, j’ai quand même eu la sensation de m’y retrouver parfaitement. Dans le même temps, il y a tout un pan de la bande-son qui est rempli de pistes oppressantes, bizarres, apeurées, et qui finissent par mettre vraiment mal à l’aise (ce qui est justement le but recherché je pense). Forcément, en plus de six heures de musiques, une certaine monotonie aurait pu naître chez l’auditeur, aussi bien à l’écoute que pendant le jeu, or, là il n’en est rien. La variété des musiques et des ambiances fait qu’on ne s’ennuie jamais vraiment. Si les musiques restent relativement simples en proposant une ligne mélodique, reprise en boucle, cette simplicité est ici un moyen qui bénéficie à l’ensemble de l’OST. Bien entendu, pour cette raison, certaines pistes manquent un peu de personnalité, mais ce n’est jamais vraiment gênant, car la réalisation est impeccable : c’est musicalement sans reproche. Il n’y a bien sûr pas réellement de recherche musicale à proprement parler pour cette bande-son. Ici tout est mis au service du jeu, à son « illustration » sonore et musicale. Et c’est une franche réussite.
J’ai tout d’abord adoré le jeu et personnellement qui peut ne pas aimer une telle OST !? Certes, vous allez me dire que chacun perçoit la musique à sa façon, mais il n’y a clairement rien à redire sur ce que nous offre ici Koji Kondo (avec Toru Minegishi, Asuka Ohta et Mahito Yokota). Le jeu nous berce à la fois grâce à certaines musiques emblématiques comme Princess Zelda's Theme, Menu Select ou Hyrule Field Morning Theme mais il arrive aussi à offrir d’autres pistes qui arrivent à donner un nouveau sens à ce Zelda. En effet, Zelda : Twilight Princess est un épisode assez sombre, tout comme Zelda: Majora's Mask et ça se ressent grâce à certaines pistes comme Enter the Darkness et Midna in Distress. Pour terminer, parlons de la dernière musique du jeu, Ending, où l’on retrouve le célèbre thème de ce qui fait un Zelda mais sur des tons beaucoup plus mélancoliques. Ici, certes Link a sauvé le monde, mais que faisons-nous de Midona ? Attention, je risque de spoiler un petit peu. Si on reprend, la fin, Midona brise le miroir des ombres afin que plus personne n’en sorte, cela clos toute suite liée à la timeline de Zelda : Twilight Princess. Tout au long de l’OST, nous ressentons cette tristesse, cette omniprésence de l’ombre et de la lumière et c’est ce qui en fait un chef-d’oeuvre. Il n’y a clairement rien à redire sur ce qui a été créé, rien n’est à jeter, on retrouve du bon Zelda, certes avec une touche de mélancolie, mais qui reste gravé dans le cœur des joueurs.
Rédigé par Delldongo, Memoircosmos, Sadness et Wolfangele le 7 mai 2017
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